Maître du monde
(première publication sur Zazieweb en février 2008)
Un tome-clé et de transition dans la série car Light parvient à ses tristes fins par une énième manipulation diabolique. Non content d’être intelligent, il se permet le luxe honteux de tricher. On retrouve le garçon surdoué des débuts qui prenait trop facilement son pied en jouant les apprentis démiurges et qui désormais réussit même à tromper les dieux de la mort.
Il ne faudrait pas que ce manga tombe sous les yeux d’un politicien en herbe tant il peut se lire comme une ode à la trahison et au pouvoir avec les casseroles et cadavres semés en route. Son monde idéal fait frémir, un Minority Report encore plus extrémiste. Light élimine tous ses derniers gêneurs et surtout son alter ego en raisonnements tordus. Un dieu de la mort se sacrifiera, se révélant ainsi plus humain que lui. Le scénariste a compris qu’en perdant L, la série devenait orpheline d’un personnage essentiel, alors il en propose deux nouveaux pour le prix d’un : un ado tout aussi autiste (et déchaussé) et une fille (en est-ce vraiment une ?) au comportement plus inquiétant, le regard fou et sans cesse en train de s’empiffrer de chocolat !
Le dernier chapitre entame la seconde phase de Death Note avec un bon dans le futur. Nous sommes en 2009, Light a 23 ans et quasiment pris la place de L. Il a grandi en âge… et en paranoïa autocratique tendance maître du monde libre contre l’axe du mal.
La principale originalité de ce manga est qu’à moins d’être pervers, il est impossible d’éprouver la moindre empathie avec son héros. Justicier omnipotent et intouchable, il n’a même pas les circonstances atténuantes du vengeur masqué du V pour Vendetta d’Alan Moore. Lire à ce propos la postface qui émet l’hypothèse que Death Note serait un plaidoyer contre la peine de mort toujours en vigueur au Japon.
Je viens de réaliser avec sept tomes de retard que le noeud de l'intrigue de Death Note me rappelle le film fantastique (au propre et au figuré) de Jacques Tourneur, Rendez-vous avec la peur de 1957 (en v.o. Curse of the Demon ou Night of the Demon) où il suffisait de glisser subrepticement un bout de parchemin à quelqu'un pour qu'il décède à une heure précise.
(sens de lecture japonais)
Death Note, Tome 7, de Takeshi Obata & Tsugumi Ohba
Kana
ISBN 2505001995 / 9782505001997
6,25 €
Présentation de l'éditeur :
cf Tome 1
Tome 7 :
La police est parvenue à encercler Higuchi, l’actuel possesseur du Death Note. Light parviendra-t-il à remettre la main sur le cahier ?! Va-t-il réussir à mener à bien le plan qu’il avait mis au point avant d’être placé sous surveillance ?! Voici un un tome riche en révélations !!
Liens : cf Tome 1