Le village qui sentait le sapin

Publié le par lamiri

Un des premiers titres de la collection Shônen Up du nouveau département édition de Kazé et c'est plutôt une bonne surprise. J'avais un a priori très réservé en découvrant l'illustration de couverture et les premières pages car le style shôjo longiligne à mentons pointus n'est pas trop ma tasse de saké. Il fallait passer outre. Le contenu fait passer un drôle de sentiment de douche écossaise avec une histoire macabre traitée avec une étrange désinvolture ou détachement. Très vite, on a droit à des cadavres largement entamés par les vers tout en suivant une adolescente qui s'ennuie... à mourir dans ce village perdu au milieu des bois. Un village atteint par une série de décès énigmatiques. Et pour preuve de l'humour particulier des auteurs, le nom du village, Sotoba est l'homonyme du nom japonais des stūpas* et la spécialité locale est l'exploitation du... sapin !


Parmi les intéressantes particularités de ce manga, chaque nouveau personnage entrant en scène, même secondaire est accompagné d'un numéro comme autant de pièces à conviction. Comme ils sont en bonne quarantaine rien que pour ce volume, c'est assez pratique pour les replacer dans le fil de l'histoire et une fiche en reprend la liste en postface. Il y aussi ce curieux mélange de cultures orientales et occidentales. D'abord ce château européen bâti sur les ruines d'un japonais et le fait que ce village très marqué par le bouddhisme (l'un des principaux personnages est même un bonze) enterre ses morts dans des cercueils.

 

Shi Ki 1 BIG

 

Le ton lui-même ne manque pas d'originalité, alternant séquences shôjo (l'adolescente butée qui passe son temps à rêver de la grande ville et à épier un garçon ; la jolie infirmière et son drôle de toutou) et d'autres beaucoup plus dures avec la mort qui rode et foudroie indifféremment jeunes, adultes et vieillards. Le tout baignant dans un climat fantastique en mi-teinte, matérialisé par ce château de conte de fée qui surplombe le village et la ré-apparition de la gamine décédée. Une note interne explique le sens des idéogrammes du mot shi ki : cadavre et démon. Et celui des datations propres au calendrier japonais ouvrant chaque sous-chapitre. L'écrivaine et scénariste Fuyumi Ono a étudié le bouddhisme à l'université mais il faut croire qu'elle est tout aussi passionnée par la biologie si on tient compte des multiples détails d'examens hématologiques donnés par le jeune médecin.

L'autre point qui prouve que j'avais tout faux au début, c'est le dessin, bien plus élaboré que je l'imaginais, d'un grand raffinement dans les détails et les compositions. Je ne serais pas étonné d'apprendre que Ryu Fujisaki (ou ses assistants) ait été à la même école que Katsura Hoshino, l'auteure de D.Gray-Man...

Shi Ki est la seconde série de Fujisaki publiée en français, après Hoshin: L'investiture des dieux (chez Glénat). Dix années séparent ces deux séries et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce mangaka a fait évoluer son style dans le bon sens.

Série toujours en cours au Japon.

(sens de lecture japonais)

(*) Au Japon, les sotobas sont ces planches de bois où sont indiqués les noms des défunts dans les cimetières.




Shi Ki, Tome 1, de Fuyumi Ono & Ryu Fujisaki
Kazé
ISBN 2849657824 / 9782849657829
6,95 €


Présentation de l'éditeur :

Sotoba est un petit village cerné par les montagnes. Par une journée caniculaire, trois cadavres y sont découverts, sans qu’on puisse déterminer avec certitude les causes de leur mort. Au même moment, Megumi Shimizu, une jeune lycéenne, disparaît après avoir fait la connaissance des Kirishiki, une famille qui vient juste de s’installer dans un château sur les hauteurs du village.
D’étranges événements se succèdent alors, qui ne sont que les prémisses d’un été terrifiant !


Les auteurs :

Fuyumi Ono est l'un des plus talentueux écrivains de sa génération. Elle a déjà marqué les français avec ses romans à succès Les 12 royaumes (publiés par Milan) et, surtout, sa somptueuse série animée (éditée en DVD par KAZÉ).
Née le 24 Décembre à Nakatsu sur l'île de Kyûshû, elle reçoit son diplôme avec mention d'études bouddhiques, dans le département de lettres de l'université Ôtani à Kyoto. Pendant ses études, elle intègre le cercle "analyse des mystères à l'université de Kyoto". En 1988, elle débute sa carrière de romancière avec la série Ghost Hunt, qui a connu un succès considérable. Puis, en 1991, elle écrit The Demonic Child (Masho no ko) qui marquera le tout début de l'imaginaire des 12 royaumes. Et c'est l'année suivante que le premier chapitre de l'univers des 12 royaumes est publié sous le nom Tsuki no kage, kage no umi, initiant ainsi la série mondialement connue. Actuellement, Fuyumi Ono est connue comme l'auteur de SHI KI, que Ryu Fujisaki met en scène pour le magazine de Shueisha JUMP SQ, et son succès est tel qu'une adaptation animée est déjà annoncée !

Ryu Fujisaki est né en 1971 dans le département d'Aomori, dans le nord du Japon. Après avoir passé toute son adolescence à réaliser des essais, il se fait remarquer alors qu'il a à peine 18 ans en finissant deuxième au 40e prix Tezuka. Ce prix récompense depuis 1971, deux fois par an, la meilleure première œuvre de jeunes auteurs. Ce concours national, organisé et décerné par Shueisha, est attribué à Ryu Fujisaki pour son histoire courte Hamerun no Fuefuki. L'éditeur du magazine Shônen Jump, Shueisha, impressionné par son talent, publie en 1990 une de ses premières œuvres, WORLDS. Depuis, Ryu Fujisaki s'est illustré avec plusieurs mangas publiés dans le Shônen Jump dont : Psycho +, Wâqwâq et bien sûr Hoshin Engi (Hoshin, l'investiture des dieux chez Glénat).
Ryu Fujisaki a fait de sa série phare, Hoshin Engi, inspirée de l'ancien livre Chinois Fengshen Yanji, un manga original grâce à une histoire et des personnage uniques, aux confins de la mythologie chinoise. Les 23 tomes de la série furent publiés entre 1996 et 2000, et restent à ce jour l'une des sagas les plus populaires de Shônen Jump à travers le monde. Elle a également été déclinée en une série animée de 26 épisodes. Actuellement, Ryu Fujisaki fait les beaux jours du magazine JUMP SQ, où il a entamé en janvier 2008 sa nouvelle série culte, SHI KI, adaptation de l'œuvre de Fuyumi Ono, qui compte déjà 7 tomes.




Liens :


Un site dédié à la série (en japonais)


Site officiel de l'adaptation en anime (en japonais)


Le site de Kazé Manga



Publié dans Critiques manga

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