Videogame-book

Publié le par lamiri

A l'heure de la relance du livre numérique, voici le jeu vidéo sur papier où le lecteur ne joue qu'avec ses yeux. A l'aube du quatrième millénaire, un virus ramené des colonies abandonnées sur la planète Mars transforme les Terriens en zombies. Des agents très spéciaux et qui n'ont d'humains que l'apparence se battent pour retrouver une jeune fille immunisée dont les tissus ont le pouvoir de s'auto-réparer. Le texte est distillé à toute petite dose pour mieux se laisser transporter au guidon de l'hyper-moto d'un des agents traversant les gigantesques rubans d'asphalte en toboggan d'une cité verticale à l'abandon. Dans ce seul volume, on a droit à des duels de Terminators stylisés, à un ours protecteur qui parle, sait manier un flingue et répond au doux nom de Kozlov Loewic Grebnev, à une chute dans une cage d'ascenseur de plus d'un kilomètre et pour finir à l'arrêt buffet d'une batterie de missiles nucléaires. J'oubliai un hommage très probable à une des plus mémorables scènes d'Alien quand la tête tranchée d'un mutant annonce ce qui attend les humains. Le virus N5S, c'est autre chose que le H5N1 ! La migraine (je n'irai pas jusqu'à parler de rhume de cerveau) de Roselyne Bachelot ne va pas s'améliorer si elle tombe sur ce manga...

Biomega 1 BIG

Le graphisme est absolument somptueux, charbonneux, complexe, raffiné et limpide à la fois. Un intermédiaire entre le style de l'incomparable Yukito Kishiro de Gunnm et d'un autre Tsutomu, Takahashi (Blue Heaven, Bakuon Retto) dont il fut à ses débuts l'assistant. C'est idiot mais je suis assez content de moi car je n'ai découvert ce détail qu'après avoir fait la relation. En même temps, c'était assez facile tant cette parenté saute aux yeux. Mais Nihei montre l'étendue de son talent en ne faisant surtout pas un à la manière de. Ses personnages ont, par exemple, des traits plus classiques que ceux de Takahashi.

Une telle luxuriance laisse deviner que ce mangaka subit peut-être moins que la plupart de ses confrères la pression des rythmes de pré-publication imposée par les éditeurs de magazines japonais et qu'il peut prendre l
e temps de peaufiner ses planches, bien (ou à cause du fait) qu'il publie chez Shueisha, l'un des géants de l'industrie manga. Autre ridicule moment d'auto-satisfaction car j'ai aussi imaginé cela avant de lire la présentation de l'auteur par Glénat. Ca me rassure. D'ici une cinquantaine d'années, je ne désespère pas parvenir à torcher une critique BD potable ;P

Bref, la grande classe ! Et là, je ne parle évidemment que du talent de Tsutomu Nihei dont j'échangerai bien volontiers les trois doigts qui tiennent ses plumes contre les dix miens qui tapotent difficilement du clavier, art le plus mineur qui soit.

Le tome 4 sort fin janvier. Série toujours en cours au Japon.

(sens de lecture japonais)





Biomega, Tome 1, de Tsutomu Nihei
Glénat
ISBN 2723466485 / 9782723466486
7,50 €



Présentation de l'éditeur :

Dans un monde futuriste post-apocalyptique qui pourrait bien être à l’origine de celui de Blame ! (l’autre oeuvre culte de l’auteur), Biomega narre la quête de Zouichi Kanoe, un androïde conçu par une puissante corporation. Son but ? Trouver des humains ayant développé une immunité naturelle face à un virus qui a transformé les hommes en monstrueux zombies. Pilotant une moto dans laquelle est intégrée une intelligence artificielle, il affronte les créatures les plus singulières et déroutantes dans des décors de fin du monde à l’architecture démentielle.
Les amateurs de Tsutomu Nihei se régaleront. Les autres vont avoir l’occasion de découvrir l’un des mangaka les plus créatifs et originaux du moment.


L'auteur :

Tsutomu Nihei est né en 1971, au Japon, dans la préfecture de Fukushima. Après des études en architecture, il obtient son diplôme et intègre un cabinet d'architectes à New-York. Après quelques années il retourne au Japon et décide de devenir mangaka. Il se rend donc à la rédaction du magazine
Afternoon, de l'éditeur Kodansha. Il fait ses débuts en tant qu'assistant de Tsutomu Takahashi (Jiraishin), avant de proposer son propre titre : Blame !. Outre les influences de sa formation d'architecte, Tsutomu Nihei s'inspire beaucoup de lecture d'auteurs tels Gibson, Sterling, affirmant son attrait pour une science-fiction de type cyberpunk. Visuellement, il avoue une passion pour Giger, le créateur des décors et monstres d'Alien, et un fort attrait pour la bande dessinée franco-belge et des auteurs comme Bilal ou Moebius ainsi que pour nombre de jeux vidéo, tels Halo. Au travers de ses œuvres Blame !, Abara ou Noise, Tsutomu Nihei se reconnaît aisément par un graphisme ébouriffant de détail et d'ambiance sombre, une construction de page architectural et très libertaire, un encrage heurté et violent, qui sont autant de témoignages de ses influences. Publié en France, en Espagne, en Allemagne, en Italie, aux USA,., il devient vite un auteur international ; Publié en France, qu'il visite par deux fois, lors du festival d'Angoulême 2002, puis lors de Japan Expo 2004, Cet aspect de sa personnalité prend définitivement corps avec une adaptation du mutant griffu Wolverine, dans l'album SNIKT !, suivi d'une histoire adaptation libre en Graphie Novel, tirée du jeu vidéo Halo.  Aimant à prendre son temps, réfractaire au rythme éditoriaux japonais, Nihei produit peu, mais bien. Il nous revient, aux éditions Glénat, en 2009, avec le très attendu Biomega, une nouvelle aventure de science fiction aux accents bibliques.





Extrait :

- Hé toi, avec ton déguisement d'ours ! Je te vois, viens un peu par là.

(Bang ! Splat ! Spof !)

- Je ne suis pas déguisé.





Liens :

Pour retrouver tous les volumes de la série

Site officiel de Tsutomu Nihei (en japonais et des bribes d'anglais)

Un site de fan allemand

Wake up, un fanlisting dédié à Tsutomu Nihei (en anglais)



Publié dans Critiques manga

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