Ca sent le poisson, les takoyakis... et les ennuis

Chaque tome de cette série qui n'en finit pas (pour le plus grand plaisir) fait intervenir de nouveaux personnages pittoresques. Après avoir comparé l'univers carnavalesque de Eiichiro Oda aux fantaisies imaginées par Fellini, ce trombinoscope à rallonge me fait penser à Balzac. Je reconnais que la comparaison est osée et que je m'attends à un courrier de balzacophiles distingués venant de faire une fausse route en buvant leur café noir. Il n'empêche que la verrue du Père Goriot lui permettrait de participer à l'équipage d'un des navires de pirates et que Balzac, ce bourreau de travail pressé par les dettes et ses éditeurs avait quelque chose d'un mangaka de l'Ancien Régime.

Bon, après cette digression... Des faces ahuries et des tronches de poulpe à que veux-tu en voilà ! Luffy, le garçon-caoutchouc et sa bande de gentils pirates dont les têtes sont toutes mises à prix à des millions de berrys* sont partis délivrer Octo, l'homme-pieuvre. Comment résister à la requête de la jolie sirène Camie et de son comparse rigolo, une étoile de mer coiffée d'un bonnet rasta et qui exerce la profession de... designer ! Oui, oui, vous avez bien lu. Promis, juré, je n'ai rien bu, par contre je n'en dirai pas autant de M'sieur Oda dont la joyeuse régressivité assumée (et terriblement contagieuse) s'exprime aussi dans ses désormais célèbres intermèdes des Questions que tout le monde se pose. Une fois sauvé, Octo remercie ses nouveaux amis en les gavant de takoyakis-maison. Il n'a pas trop de huit bras pour satisfaire la gourmandise de l'équipage du Thousand Sunny et surtout de Luffy dont la mâchoire et l'estomac sont plus extensibles que ceux d'un anaconda géant. Ceux qui ont gardé un peu d'esprit enfantin écarquilleront les yeux devant l'archipel des Sabaody, cité-mangrove où on se déplace dans des véhicules en bulle de savon. Mais derrière ce gigantesque parc d'attraction se cache un bien sinistre marché aux esclaves...



Parmi les nouveaux personnages qui pullulent dans ce monde fou-fou-fou, apparition de Duval, homme au masque de fer chevauchant un colossal bison-dragster, bien mal secondé par un trio de bras cassés à faces de mérous. Et ne comptez pas sur moi pour profiter des facultés surnaturelles de Luffy pour ressortir la blague éculée des cours de récré : que se passe-t-il lorsque l'on tend une peau de mérou ?... Quant à Duval, il se fera littéralement refaire le portrait car dans ce manga, tout second degré devient premier et lycée de Versailles.

Plus ça va, plus je me demande jusqu'à quel point les créateurs des très emballants films Pirate des Caraïbes ont piqué des idées et même carrément des personnages à One Piece (qui, rappelons-le a commencé à paraître en 1997)... Une remarque que d'autres se sont déjà faits, cf cet article de Rue89 datant de 2007.

Simultanément sort le troisième volume des Data Books, le One Piece Yellow, pour augmenter sa culture clowno-maritime et être incollable à Question pour un champion élastique à chapeau de paille.

NB : Pour les fêtes de fin d'année, Kana a baissé le prix des quatre premiers coffrets DVD de la version animée de One Piece, plutôt bien réalisée même si la richesse de détails du manga reste inégalée sur papier (chaque coffret contient 3DVD soit une douzaine d'épisodes et un p'tit bonus non virtuel (drapeaux des équipages, sticker...). A ce jour, huit coffrets sont déjà sortis en France.

(sens de lecture japonais)


(*) Sauf Dr Chopper, le renne à nez bleu dont la bonne bouille de peluche de Noël est honteusement bradée à... 50 berrys ! Parmi la profusion de produits dérivés de la série, les plus accros peuvent depuis peu acquérir un sac de dix pièces de 100 berrys. Pas certain qu'un numismate acceptera de vous les reprendre.



One Piece, Tome 51 : Les onze supernovae, de Eiichiro Oda
Glénat
ISBN 2723471918 / 9782723471916
6,50 €


Présentation de l'éditeur :

cf Tome 41

Tome 51 :

Nos héros s’apprêtent à traverser Red Line pour accéder à la Route de tous les périls, mais pour cela ils doivent d’abord franchir l’île des hommes poissons. Autrement dit, transformer leur navire pour le rendre navigable sous l’eau ! Les pirates se rendent alors à Sabaody, la cité des bulles, où leur amie Camie, une sirène, se fait capturer pour être mise aux enchères ! Et parmi les acheteurs potentiels se trouvent des capitaines pirates dont la prime atteint de véritables sommets…




Liens : cf Tome 41